Ceci est une histoire vraie, la mienne !
Mon cheminement vers ma première masturbation fut long et obscur, jalonné de divers évènements dont certains, relatés ici, suscitèrent soupçons, doutes, conjectures. Peu à peu je devais cerner la vérité, puis la découvrir moi-même. À 14 ans, je n’étais pas en avance, mais je n’en savais rien, alors que le désir sexuel démarre en fait très tôt.
Un jour (j’avais 8 ans et ma sœur 5) nous arrivons pour prendre des vacances dans une location incomplètement préparée. Ma mère nous intime de faire la sieste, ma sœur et moi, dans l’unique lit disponible. Ma sœur, à brûle pourpoint, me demande si ça m’intéresse de voir son abricot. J’accepte bien volontiers : il est lisse, velouté, un régal. Elle l’ouvre même pour m’en faire admirer l’intérieur, m’invite à le caresser et demande la réciproque, ce qu’elle obtient immédiatement. Nous rions comme des baleines. Cela alerte notre mère, qui met fin au jeu en nous disant que « Ce n’est pas beau de faire ça » L’occasion suivante de contempler et caresser une foufoune aussi galamment proposée ne me sera offerte que 20 ans plus tard !
Mon autre objet de fascination sexuelle, rapidement identifié lui aussi, ce sont les seins féminins. Une fois, en vacances chez ma grand’mère, je sors de ma chambre à coucher par le chemin le plus court pour rejoindre l’escalier : celui qui traverse la chambre de ma tante Célina. C’est une magnifique femme de 25 ans. Persuadé qu’à cette heure, la chambre est vide, je rentre sans frapper. Ma tante, qui s’y trouve crie « Oh, non ! » mais c’est trop tard : face au grand miroir de son armoire à glace, elle est de dos, topless, les bras levés en train d’enfiler à même la peau un pull-over angora bleu pâle. Le miroir aidant, elle est en fait, face à moi, révélant une poitrine de rêve, légèrement mouvante, haut-placée, taille C… Je sais bien qu’à force d’évoquer les bons souvenirs, on finit toujours par les embellir, mais ce spectacle fut le plus beau et le plus érotique que le gamin que j’étais alors ait pu voir.
Octobre 1962. J’ai 10 ans à peine. Mon père est décédé au printemps précédent. Je commence à poser à ma mère des questions sur la sexualité qui deviendront vite gênantes pour elle. Un point ne sera pas couvert : comment les cellules mâle et femelle se rencontrent-elles ? C’est une personne responsable et courageuse. Quelques jours plus tard, alors que je ne suis pas malade, me voilà chez notre médecin à qui elle a demandé de prendre la relève du père disparu. Elle s’éclipse et j’ai la réponse aux questions orphelines. Mais quand je demande ce qui déclenche le transfert des cellules mâles vers la femme : y a-t-il un bouton sur lequel appuyer ? Le médecin répond qu’au moment voulu, ça se fait tout seul ! Bravo Docteur !
Quelques mois après la mort de mon père, obligée de reprendre ses études pour travailler, ma mère me met en pension dans le collège catholique que je fréquente déjà comme externe. Un soir, à l’étude, le surveillant s’éclipse un instant. « Y », mon voisin de dortoir qui est aussi mon voisin d’études, me dit en chuchotant : « Alors, tu la sors ? » Interloqué, je lui demande : « Je sors quoi ? » Réponse : «Ta bite, connard ! » Je lui demande de me laisser tranquille : il n’insiste pas. Je réaliserai plus tard qu’il était envoyé en reconnaissance par un groupe de « grands » qui jouaient les affranchis. J‘imagine qu’il doit s’agir de sexe, mais je n’y comprends rien. Je ne ferai donc pas partie de leur groupe !
Cette fois-là, nous sommes en cours de sciences naturelles. Le professeur, que nous estimons gâteux, marmonne un discours d’une monotonie endormante. Dans un coin, au fond de la classe, j’écoute distraitement. Tournant brièvement la tête, j’aperçois mes 2 voisins de gauche, braguette ouverte sous le pupitre : chacun palpe avec application le sexe de l’autre, tout en continuant de fixer le prof’ des yeux. Après m’être détourné un moment, j’y reviens : les 2 garnements continuent leur petit jeu, mais cette fois, leurs pénis sont en érection. Je détourne le regard pour ne pas les faire repérer, ignorant comment leur tripotage mutuel allait se terminer. Où veulent-ils en venir ? Je n’en sais rien.
Un autre jour, je passe dans la cour de récréation au voisinage du groupe dont j’ai parlé plus haut. J’entends quelqu’un dire « Ce matin, « X » était en train de se branler à poil sur son lit ; il n’a pas entendu le pion arriver : il s’en est fallu d’un cheveu qu’il ne se fasse piquer ! » « Se branler » ne fait pas partie de mon vocabulaire : je ne comprends pas. Peu après, une nuit, j’entends un bruit discret venant de l’alcôve voisine. Je monte sur le dossier de mon lit et jette un œil au-dessus de la cloison : « Y », celui qui voulait me tester, est en train de se tripoter le zizi. Je rigole à l’étouffée mais il m’entend et me voit. « Salaud ! » me dit-il. Il n’évoquera pas l’incident, ni le lendemain matin, ni plus tard. Salaud pourquoi ? Il me semble n’avoir commis qu’une innocente indiscrétion. Là encore, je n’y comprends rien.
Une autre fois, je passe quelques jours à l’infirmerie pour une cause bénigne : une dizaine de lits sont rangés dans une pièce avec une alcôve dans le fond, refuge de la bonne-sœur infirmière. Mon collègue « Z » s’y trouve aussi. A l’heure du couvre-feu, la bonne sœur arrive. Il me chuchote « Écoute bien et ne fais pas de bruit : elle va se déshabiller, ça n’en finit pas ! » En effet, les interminables séries de boutons, typiques des habits religieux de l’époque se succèdent : clic, clic, crac, clic etc… Quand ça s’arrête, mon copain fait signe que ce n’est pas fini : anxieux, nous attendons le « clic » caractéristique du soutien-gorge qu’on dégrafe suivi du bruit légèrement mou que font les seins qui s’en libèrent. Ça y est : la sœur est nue, on le sait mais on ne voit rien, pas même une ombre indiscrète qui permettrait de deviner ses formes, coquins que nous sommes ! « Z » est d’un profil à part : amateur d’art, il lit beaucoup, dit écrire des nouvelles, prétend connaître Sartre etc.. Il se dit affranchi mais ne fait pas partie du groupe déjà cité. Je m’enhardis en lui demandant ce que ce groupe a de particulier : « C’est un club de mecs qui font le salaud ensemble » ‘Font le salaud’ : what is it ? Réponse « Faut-il te faire un dessin ? » Je m’écrase, je n’en saurai pas plus !
De nombreux cas semblables apparaîtront au cours de ces années qui me confirmeront qu’en matière de sexualité masculine, je ne sais encore rien. Je n’ai que des soupçons : les caresses génitales jouent un rôle, c’est sûr mais lequel ?
Juillet 1967, je ne suis plus pensionnaire car ma mère a terminé son nouveau cursus en fac’ et la famille est de nouveau réunie. Je vais avoir 14 ans et les hormones masculines commencent à faire leur effet. Je rêve grave sur les seins des femmes, fantasme qui me tient toujours aujourd’hui. J’ai beau savoir comment on fait les enfants, les aspects désir et plaisir de la sexualité m’ont été complètement occultés. Mais j’ai désormais ma chambre au dernier étage d’une grande maison, 20 m2 pour moi tout seul : circonstances très favorables, bien plus que chez ma grand’ mère qui m’accueillait chaque week-end, sans mentionner le pensionnat où le seul abri d’intimité est celui du rideau qui ferme l’alcôve où l’on dort et que le pion peut entrouvrir à tout instant. Un soir tard, assailli par d’imaginaires images érotiques, je me remémore tout ce que j’ai vu, entendu, soupçonné en matière de sexe dans cette grande institution de débauche qu’est, suite aux interdits et tabous religieux, un pensionnat catholique ! Tout semble tourner autour de la manipulation du sexe. Eh bien, puisque je suis désormais à l’abri des perturbations inopinées, nous allons voir ! Je sais maintenant que la plus grande cause d’insuccès dans ce genre de manip’ c’est la crainte d’être découvert. Quand un coin du cerveau dicte de guetter la survenue d’un importun : on n’apprécie pas, tel le rat de La Fontaine qui tristement déclare « Fi du plaisir que la crainte peut corrompre » Allons-y, je suis tranquille et sûr de n’être pas dérangé
Nous sommes en plein été et il fait très chaud ; je retire mon pantalon de pyjama et j’ouvre sans y réfléchir les jambes en grand. Plus tard je saurai –c’est purement psychologique d’accord, mais ça marche– que cette position de disponibilité béante vers l’extérieur, vers la caresse du partenaire (ou la sienne) traduit un renoncement au self-control, et augmente le plaisir. Je commence à me palper le sexe de partout. Les testicules d’abord : je découvre qu’en faisant attention à ne pas heurter certaines zones, on peut les faire rouler sous les doigts et les malaxer, fermement même, avec de temps en temps, une pression momentanée plus forte, pour faire remonter une légère gêne dans le bas-ventre. Mon sexe durcit, comme le matin au réveil, ce que je connais depuis longtemps, mais me laisse indifférent, alors que tout ce que je fais en ce moment me procure des sensations agréables.
Je m’intéresse alors à mon gland, tout lisse et bien décalotté. Je découvre que le frein peut le faire basculer en le déformant légèrement si on tire le prépuce doucement vers le bas. Le voilà plus lisse encore. J’ouvre la lumière pour mieux le voir, ce qui m’excite. Je relâche un peu la peau : il reprend sa forme. Mon fantasme préféré m’assaille alors : une jolie femme nue qui m’offre de lui palper les seins me regarde en souriant. Je répète l’opération, en tirant un peu plus fort sur la peau. Puis c’est l’aller-retour, lent d’abord, puis plus rapide. Une sensation de chaleur me parcourt tout le bas-ventre, j’en suis interloqué : ce délicieux tiraillement que je viens d’inventer, c’est vraiment très chouette. J’allume de nouveau pour mieux voir. Mon sexe est toujours bien dur, tout va bien. Je reprends le malaxage des testicules et vigoureusement cette fois, limite douloureux. Cela me procure moins de bien-être que les tractions périodiques qui déforment le gland. Je m’y remets, donc. Le plaisir prend alors peu à peu possession de moi, c’est extraordinaire. Voudrais-je m’arrêter que je ne le pourrais plus. Mes doigts, rivés à mon sexe, ne m’obéissent plus, je n’en suis plus maître. Je sens que quelque chose d’anormal se passe : d’où viennent ces sensations d’un agrément fou ? J’accélère, je tire le prépuce vers le bas comme un damné. Tout à coup, la lampe a beau être allumée, mon regard se brouille, c’est absolument extraordinaire, je ne vois plus rien. Je ne le sais pas mais je jouis pour la première fois…
Quand je rouvre les yeux, tout mon bas-ventre se contracte de plaisir et mon sexe palpite, un liquide blanchâtre s’en échappe. Je suis mort de peur : combien de temps cela va-t-il durer ? Qu’ai-je donc fait ? Au bout de quelques secondes qui me semblent des siècles, ça s’arrête. Je touche mon pénis : un autre spasme me prend, incontrôlable. Je n’ose plus rien faire… J’attends encore un peu. Cette fois, ça se calme pour de bon.
Redescendu sur terre, je constate qu’à part une minuscule tache sur ma veste de pyjama, l’essentiel de l’éjaculation est tombée sur mon ventre que j’essuie donc avec un mouchoir. Je ressens un curieux mélange de culpabilité : pourquoi ce plaisir est-il défendu ? et de fierté : j’ai découvert cela tout seul, c’est ma première masturbation. Il y en aura des milliers d’autres !
Je suis marié depuis 36 ans, et me masturbe toujours. Je suis adepte du proverbe anglais « Use it or lose it » en clair « Ne pas s’en servir c’est le perdre » De plus, j’ai découvert quelque chose d’encore meilleur, c’est se faire masturber par son conjoint. Avec la pénétration, on doit être attentif simultanément à son plaisir et à celui de sa partenaire. Il y faut de plus, une grosse dépense physique. Quand on se fait masturber, le plaisir survient quand, physiquement, on est totalement détendu, à l’écoute exclusive de la montée de ses propres sensations. De plus, le fait de savoir que la partenaire renonce à son propre orgasme pour se concentrer exclusivement sur la qualité du vôtre est un gage d’amour extrêmement gratifiant. Demander si l’on préfère cela à la pénétration n’a aucun sens. C’est comme demander si l’on préfère le foie gras à la charlotte aux poires. Ce n’est pas la même chose. De mon point de vue, il faut les deux.
Lorsque ma femme, tout sourire, les seins nus, les yeux rivés dans les miens, masse amoureusement mon sexe jusqu’à ce que chaviré de plaisir, je jouisse entre ses doigts, je ressens un profond bonheur que je souhaite à tout le monde. Lorsque le calme revient, je l’embrasse et lui dis, l’œil embué de tendresse et de gratitude : « Tu as été fantastique. Merci ! »