À mon ami R.

Ici, raconte tous tes fantasmes de branles imaginaires...
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lépicurien
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À mon ami R.

Message par lépicurien »

À mon ami R.



Cela se passait dans les années 70, nous avions entre 12 et 13 ans et nous étions amis. Nous étions assis ensemble au collège, nous partagions nos jeux chez toi ou chez moi, nous faisions des balades à vélo ensemble, nous étions tout excités au cours de ces balades si nous rencontrions une fille que nous connaissions…



Mais — était-ce de mon fait ou du tien ? — jamais nous n’avons évoqué ensemble notre propre sexe, jamais nous n’avons parlé de son durcissement, qui pourtant n’a pas dû manquer de se produire dans ces occasions ou lorsque nous abordions certains sujets, jamais nous n’avons parlé de masturbation alors que nos corps changeaient, que je venais d’avoir ma première éjaculation et qu’il devait en être de même pour toi… Je crains d’avoir été bien plus coincé que toi là-dessus… J’ai même l’impression que tu as essayé d’aborder la chose et que je l’ai éludée…



Pire encore: alors que nos jeux un peu gamins, nos rires et notre complicité attiraient quelques moqueries de certains camarades, j’ai pris peur de ce qu’il pouvait y avoir d’attirance réciproque entre nous, réelle, fantasmée ou simplement suspectée par les autres. J’ai cédé à cet affreux préjugé selon lequel deux garçons trop bien ensemble faisaient mal, et méritaient d’être appelés "pédés". J’ai bêtement cru que je ne trouverais ma "virilité" qu’en cessant d’être ton ami. J’ai commencé à m’éloigner de toi, te traitant à tout bout de champ d’idiot, affichant mon détachement et mon mépris aux yeux des autres. Et nous ne nous sommes plus revus.



J’en ai aujourd’hui une honte terrible et je te demande solennellement pardon.



Tu es l’ami qui m’a manqué ensuite pour toujours. Tu es celui avec qui j’aurais aimé partager ce merveilleux temps de l’adolescence où l’on découvre sa propre sexualité: je sais combien tu le méritais (et combien peu je t’ai mérité), je sais combien ma vie aurait pu s’en trouver enrichie. Nous aurions dû continuer notre belle entente intellectuelle et sensible, nous aurions dû partager nos branles, nous aurions dû rester complices dans nos émois pour les filles… Nous serions devenus ensemble des hommes. Au lieu de cela j’ai perdu au moins 15 ans de ma vie, à partir de là, à essayer de comprendre quelque chose à la sexualité.



Bien sûr que ce qui s’est passé est largement le fruit de l’éducation rétrograde, inhibante, castratrice et culpabilisante que j’ai reçue. Mais je m’en veux de n’avoir pas su trouver la force nécessaire pour la surmonter à ce moment crucial de nos existences.



J’espère que tu as moins galéré que moi à devenir un homme, je veux dire un homme civilisé et humain, pas un macho débile, un homme avec sa part masculine et sa part féminine, avec de l’intelligence, des émotions, un physique qui est ce qu'il est, une queue, des couilles, des doutes, des questions, c’est-à-dire surtout un homme qui ose être lui-même en dépit de tous les stéréotypes.



Et j’espère que tu es heureux comme je le suis aujourd’hui, sinon je devrais aussi m’en vouloir pour ça…



Je nous imagine à cette époque-là, tâtant à travers notre pantalon l’érection provoquée par notre rêverie partagée. Nous le faisons discrètement, un peu machinalement, mais chacun s’est aperçu que l’autre fait la même chose. Nous en sommes un peu gênés mais notre main revient irrésistiblement à cette bosse qui nous chatouille. Inutile de se demander ce que pense l’autre car nous sommes à l’unisson et nous nous laissons emporter par ce que nous faisons. Chacun glisse sa main dans le pantalon et notre engin se cabre là-dessous, le désir monte et ça devient plus fort que nous.



Les ceintures sont maintenant défaites, les braguettes ouvertes, le slip baissé, et nous contemplons quelques instants notre sexe offert aux regards, le nôtre d’abord, puis celui de l’autre, un peu stupéfaits de ce que nous venons d’accomplir. Ta queue est longue et fine, d’une grâce qui caractérise toute ta personne. La mienne est plus courte et plus épaisse. Nous osons alors nous remettre à l’ouvrage, et nous nous astiquons méthodiquement jusqu’à l’apothéose.



Et j’imagine encore que nous le refaisons ensuite régulièrement, parce que cette découverte à deux des plaisirs de notre sexe, cet apprentissage en commun de la vie n’auraient appartenu qu’à nous, ç’aurait été une complicité bienfaisante que personne n’aurait pu nous contester ni nous enlever.



lépicurien
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Kong
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Re: À mon ami R.

Message par Kong »

Charmante évocation !
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